Alimentation et autisme : comment améliorer l’accompagnement ?
L’alimentation joue un rôle crucial dans le quotidien des personnes autistes. Selon plusieurs études, entre 46 % et 89 % des enfants avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) présentent des particularités alimentaires (Ledford & Gast, 2006 ; Bandini et al., 2010). Ces spécificités peuvent aller de la sélectivité alimentaire à des sensibilités sensorielles marquées, influençant à la fois la santé, le développement et la qualité de vie.
Cet article propose une synthèse des enjeux autour de l’alimentation et l’autisme, ainsi que des pistes d’accompagnement.

Les particularités alimentaires dans l’autisme
Les personnes autistes présentent souvent des comportements alimentaires spécifiques :
- Sélectivité alimentaire : rejet de certains groupes d’aliments, notamment les légumes et les textures fibreuses.
- Préférences sensorielles : sensibilité aux odeurs, aux couleurs ou aux textures, pouvant mener à un répertoire alimentaire limité.
- Routines alimentaires : besoin de répétition, avec un attrait pour des plats identiques chaque jour.
👉 Une étude publiée dans Journal of Autism and Developmental Disorders (2017) montre que la sélectivité alimentaire est 5 fois plus fréquente chez les enfants autistes que dans la population générale.
Conséquences nutritionnelles
Cette sélectivité entraîne des risques :
- Déficits en vitamines et minéraux : notamment en vitamine D, calcium, fer et fibres.
- Problèmes digestifs fréquents : constipation, reflux, troubles gastro-intestinaux (rapportés chez près de 70 % des enfants TSA – Holingue et al., 2018).
- Impact sur la croissance : risque de retard pondéral ou au contraire de surpoids si les préférences se concentrent sur des aliments riches en calories.
Stratégies d’accompagnement validées par les experts
a) Approche pluridisciplinaire
Un suivi conjoint entre pédiatre, diététicien, orthophoniste et ergothérapeute permet de comprendre et d’agir sur les particularités alimentaires.
b) Techniques progressives
- Introduire les nouveaux aliments de manière graduelle, en jouant sur les formes (purée, soupe, morceaux).
- Valoriser la curiosité alimentaire plutôt que de forcer la consommation.
c) Adaptations sensorielles
- Travailler sur les textures (cuit vs cru, lisse vs croquant).
- Proposer les aliments préférés en association avec de nouvelles saveurs.
d) Communication et implication de la famille
Les parents jouent un rôle central. Des outils comme les pictogrammes ou les histoires sociales facilitent l’acceptation de nouveaux aliments.
Alimentation et autisme : les mythes à déconstruire
Certains régimes restrictifs (sans gluten, sans caséine) circulent comme solutions “miracles”. Or, selon l’INSERM (2021), aucune preuve scientifique solide ne valide leur efficacité généralisée. Ces régimes peuvent même accentuer des carences si mal encadrés.
Recommandations pratiques pour les équipes éducatives et médicales
- Mettre en place un journal alimentaire pour suivre l’évolution.
- Travailler avec des objectifs réalistes : introduire 1 nouvel aliment par mois est déjà un succès.
- Encourager la participation active de l’enfant (préparation, toucher des aliments).
- Favoriser des environnements calmes et structurés pendant les repas.
En résumé, l’alimentation dans l’autisme n’est pas seulement une question de nutrition, mais un enjeu global qui touche la santé, le développement et le bien-être.
Un accompagnement progressif, personnalisé et pluridisciplinaire permet de réduire les risques de carences et d’améliorer la qualité de vie.
👉 En combinant écoute sensorielle, stratégie nutritionnelle et soutien familial, il est possible d’élargir positivement le répertoire alimentaire des personnes autistes.